mardi 29 mars 2016

DEPUIS LE RIFT AFRICAIN... A LA CONQUETE DE LA PLANETE TERRE.(2)

Rhinocéros . Grotte Chauvet
Environ 1,5 million d’années avant Depuis le Rift Africain 1 !

A la fin de l’article « Depuis le Rift Africain à la conquête de la planète Terre », j’indiquais que mon récit était vrai …et cependant faux ! Il est entendu une bonne fois pour toutes que les origines de l’homme sont africaines. Je pensais donc, que les Chinois, prompts à s’attribuer la paternité de brillantes inventions et découvertes s’étaient peut-être vantés lorsqu’ils disaient avoir vu naître les premiers hommes sur leur sol …Depuis la séparation avec les grands singes, il a fallu passer par de nombreux intermédiaires avant d’arriver à l’homo sapiens (l’homo sapiens, c’est nous). Mais tout ceci se passait en Afrique . Les premiers à quitter ce continent auraient été homo ergaster vers 700000 ans BP (before present donc avant Jésus Christ).


Cependant les Asiatiques ont bien eu la primauté de quelque chose et très, très longtemps avant les années 700000 BP. Entre 2 et 1,8 million d’années des individus, par petits groupes, avec évidemment les animaux qui les entouraient  sont sortis d’Afrique. Ils sont passés par le même chemin que celui emprunté par leurs très lointains successeurs, la péninsule du Levant. C’est dans le Caucase qu’on retrouve  les ossements d’animaux et de pré humains mélangés dans la grotte de Dmanissi (Croatie actuelle puis dans l’Altaï, en Sibérie où on trouve l’homme de Denissova.


Je ne sais pas si vous arrivez à imaginer ces êtres se déplaçant sur des centaines de kilomètres, pas tout-à-fait les mêmes homininés  qu'au départ , avec des animaux pas tout-à-fait les mêmes non plus, leurs outils, leurs armes et leurs accoutrements se « modernisant » au cours des  centaines de kilomètres et des milliers d’années. Il faut prendre conscience que ces « gens », au départ n’étaient pas du genre « homo ». Au départ plus proches des australopithèques, puis des paranthropes avec des mâchoires et des dents plus fortes et plus larges, puis des habilis et ergaster et enfin des erectus pour qui il était facile de marcher avec leurs grandes jambes. Au départ, nos voyageurs étaient certainement plus proches des grands singes -Oui!Oui, nous savons que nous n'évoluons pas sur la même branche!- que des homo sapiens qui ne sont apparus que vers 200000 ans BP. 


Les animaux  se modifiaient eux aussi avec les changements de climat, depuis les rhinocéros et éléphants jusqu’aux mammouths et aurochs et rennes. Les hippopotames et crocodiles les ont accompagnés un bout de chemin…Les outils sont passés des simples choppers (galets taillés sur une face) aux bifaces, aux aiguilles à coudre en dents de rennes; les armes depuis les pieux emmanchés de pierres taillées en pointe à lancer sur les ours et mammouths jusqu'aux  propulseurs. Nous retrouvons nos  très anciens migrants en Sibérie puis aux environs de l’Himalaya et jusqu’à l’île de Java puis leurs lointains descendants sont revenus vers l’Europe !


Ces grands chemins tout autour de la terre, ces êtres les ont parcourus par nécessité de survivre, oui, mais avec un courage, une volonté, un appétit de conquérants. Cette histoire est digne des plus merveilleuses sagas, des grandes épopées. Cela titille notre imaginaire comme un conte prodigieux mais ce n’est « que » l’aventure humaine…

mercredi 23 mars 2016

L'APPRENTISSAGE CHEZ LES OISEAUX

Dans son bec des poissons pour ses petits.


Chez les animaux en général et chez les oiseaux en particulier tout n’est pas inné loin de là !  Les hommes ont voulu croire que tout ce qui leur paraissait extraordinaire, du domaine de la performance, par exemple les parcours des migrateurs, la construction fabuleuse de certains nids, les chants exceptionnels de différentes espèces, les astuces de camouflage pour contrer les prédateurs, tout cela venait exclusivement des gènes de l’animal . On ne peut s’attribuer les mérites d’avoir la force, l’envergure d'un albatros puisqu'il suffit de naître albatros pour se parer de ces attributs. Les oiseaux migrateurs qui franchissent l’équateur pendant leur voyage, aller et retour, de l’hémisphère Nord à l’hémisphère Sud et vice versa (je parle des sternes arctiques) sont guidés par un merveilleux appareil chimique situé dans leur cerveau , nous en reparlerons. Cependant selon certaines circonstances précises, modifications climatiques, changements dans l’occupation des sols (cultures, présence de chasseurs), diminution de l’approvisionnement dans les zones traversées, les sternes peuvent modifier leur trajet. Et c'est vrai aussi pour toutes les espèces de migrateurs.


 Les chants des oiseaux ne sont pas innés, donc il faut apprendre! On ne peut pas toujours parler de chants, il s’agit parfois  de criaillements, de sifflements, roucoulements et autres ululements ; cependant l’idée est la même. Les oisillons sont éduqués par leurs parents : d’abord, dès l’œuf par imprégnation et ensuite par quelque chose comme : « Écoute bien ce que je chante et imite moi ! Bien tenté, mais ce n’est pas tout-à-fait ça, recommence, bravo petit, c’est mieux !».
Il est évident par ailleurs que la forme de la gorge et du bec, les prédispositions sensorielles interviennent. Cependant, le fait qu’il existe des dialectes (tonalités,rythmes) différents selon les régions et que les oiseaux imitent à peu près tous les sons plaide en faveur de l’apprentissage : "J'écoute, j'imite, j'interprète". Une preuve de ce que j’avance : c’est une étude menée à l’Université de Rennes, biologie, éthologie. Il s’agit d’étourneaux ; on retire les œufs dès que pondus de la présence des parents, ils sont placés en couvoirs et écloseries artificiels. Puis, les oisillons sont mis en présence les uns des autres : ils sont incapables de se reconnaître comme congénères, d’établir un mode quelconque de relation, ils s’entretuent. On arrête le carnage.
Les oiseaux sont d’excellents imitateurs : un tracteur, un poste de radio, une scie, les pompiers et les chants d’autres espèces…

Les oiseaux vivent, chantent, sont beaux, amoureux ; splendeurs des plumages et des parades sexuelles. Certaines espèces  sont braconnées pour être dégustées à prix d’or dans les plus chics des restaurants!  Quels oiseaux ? Par exemple, les pinsons des jardins (environ 15cm de longueur et de 20 à 24 gr  pour le mâle). De jolis oiseaux aux douces couleurs.
Juste ciel ! Une vie d’oiseau pour 10 grammes de viande ! La ligue pour la protection des oiseaux (L.P.O) essaie de s’opposer au massacre sans résultat…

mardi 22 mars 2016

HISTOIRE DE COCOTTE ET DE MIMI 1



Ce qui relie ces  deux animaux, Cocotte et Mimi, c'est le lieu où ils ont été  recueillis et soignés par mes amis Thierry et Annie-Laurence. Ces personnes déploient des trésors d'ingéniosité, de persévérance et d'attention pour prodiguer les soins requis à leurs protégés. Ils y consacrent aussi une partie de leurs deniers. Mimi est arrivé en fort mauvais état, malade, affamé, squelettique. Il est d'une saleté repoussante, dévoré de vermine. Mimi a un cancer (les poumons) et le sida des chats bien sûr. La vétérinaire,consultée, pense qu'il lui reste peu de temps à vivre! Il reçoit néanmoins le traitement prévu pour les maladies dont il souffre. 


Mimi a d'autres symptômes liés à son statut  de chat des rues et des bois. Disons le tout net : Mimi est un sacré marlou qui cherche la baston dès qu'il en a  l'occasion : un regard de travers d'un congénère, et c'est parti. Naturellement, il y a peu de temps encore, il fallait rentrer les demoiselles les soirs d'été. Du moins, c'est ce qu'on imagine parce que notre fieffé coquin n'a plus les moyens de ses ambitions. Aujourd'hui, il recherche  la chaleur et la douceur des câlins de sa nouvelle maîtresse. Par moments, Mimi boîte , il semble qu'il ait aussi des problèmes de colonne vertébrale. La vétérinaire n'en voit pas la cause... On décide de faire une radio et on découvre que l'animal a deux balles dans le corps, pas des plombs, des balles!  Un chasseur de lapins a dû se défouler. Une de ces balles est logée  près de la colonne vertébrale. Il faut une force de vie exceptionnelle pour survivre à cela. Je vous l'avais dit Mimi est un dur, un caïd en quelque sorte.

Aujourd'hui, sûr d'être définitivement adopté, Mimi est tout simplement heureux même si il doit toujours souffrir beaucoup. Ce chat a un courage extraordinaire, une volonté et un désir de vivre que je salue bien bas! Un chat a neuf vies, dit-on . Mimi s'emploie à faire durer la neuvième longtemps...Tiens, j'ai oublié de demander si Mimi ronronnait. Peut-être que sa tumeur aux poumons l'en empêche... J'aime chez les animaux comme chez les hommes cet appétit de vivre! 
Au grand dam de ses maîtres, Mimi, la boule de testostérone, a disparu. Il a sans doute voulu vivre la grande vie une dernière fois. Il faut dire que Mimi, esthétiquement parlant, est un véritable Don Juan! Qu'en pensez-vous? Cette photo de Mimi  a été prise  peu de jours avant sa disparition ; le matou en utilisant ses griffes avait réussi l’ascension mais était incapable de redescendre. Thierry a dû aller le délivrer. Le départ du chat est-il une réaction d'orgueil blessé ? On va m'accuser de faire de l’anthropomorphisme. J'assume.          

 

dimanche 13 mars 2016

HISTOIRE DE COCOTTE ET DE MIMI 2



Cocotte est une poule, Mimi est un chat. Quoi de plus normal ? Pas de quoi en faire une histoire. Eh bien si…et même deux.
 Ces animaux ont été  adoptés par les mêmes personnes Thierry et Annie-Laurence. Ce sont mes amis. Tous deux sont des artistes de grand talent, lui peintre et elle sculpteur. Ils aiment les animaux, recueillent des animaux blessés et les soignent. Ils dépensent des trésors de patience et d’imagination pour les sauver et bien sûr quelques deniers !
L’abondance de matière m’oblige à traiter séparément  les deux sujets; celui de Mimi et celui de Cocotte. Voici l’histoire de Cocotte, véridique de bout en bout .


Pour arrondir les fins de mois, Annie-Laurence travaille parfois dans un de ces nouveaux « campings » où on peut loger dans des tipis, des roulottes, des yourtes etc. Le week-end, le site entier peut-être réservé par un groupe de personnes qui viennent y fêter une occasion spéciale. Ce week-end là, ce sont des étudiants futurs dentistes qui investissent les lieux. Ils célèbrent les bizutages de début d'année universitaire. Il y a des filles et des garçons déjà passablement éméchés et qui ont apporté force bouteilles. Dans ce genre de  réjouissances, il y a toujours un ou deux meneurs, rois de la fête. Un meneur s’est déjà  auto-désigné, sans doute parce qu’il a trouvé un jeu. Il a apporté une poule, une vraie, bien vivante quoique déjà amoindrie par une existence difficile : elle a le bout du bec coupé comme les poules élevées en batterie.


Le jeu consiste à jouer au foot avec la poule. La poule sert de ballon, elle reçoit des coups de pieds, on l’affole en faisant éclater des pétards autour d’elle, elle essaie de trouver un refuge un peu en hauteur mais on la déloge. Le jeu s'éternise, la poule tombe, mais tétanisée, se relève. Les "shoots"la renvoient plus loin. Mon amie est atterrée, elle supplie qu’on arrête. Peine perdue. Finalement le jeu se calme. Les joueurs sont fatigués et, titubants, regagnent leur couche. Annie-Laurence s’empare de la poule. Le lendemain, le meneur, arrogant, vient réclamer l’oiseau. Mon amie est catégorique dans son refus. Finalement, le boute-en-train, impressionné par sa détermination et sans doute un peu dessoulé, cède.



Mon amie étant employée n’avait pas grande latitude pour intervenir. Les brutes étaient une  vingtaine. Les filles ne se sont jamais désolidarisées des garçons.
Cocotte, blessée, avait perdu nombre de ses plumes, beaucoup avaient été purement et simplement arrachées, à vif ;  Elle avait été peinte à la « bombe » pour ressembler à un ballon de foot. Elle ne pouvait pas se plier pour dormir. Elle était couverte de bleus, elle avait du mal à marcher. Ses yeux reflètent son effroi.Les photos prises au lendemain de son adoption sont parlantes. Celles prises plusieurs semaines après son adoption aussi.