vendredi 15 juillet 2016

LA MONE DE CAMPBELL 3

 
  C'est fascinant ce que vous nous montrez!
Nous avons vu ( Mones de Campbell 1 puis 2) que les points communs avec le langage humain sont évidents, d'où cette idée de proto-langage; mais si le langage n'est pas le propre de l'homme, il reste très différent de celui des autres primates non-humains. Le langage des Mones de Campbell n'est PAS SYMBOLIQUE et son temps est le PRÉSENT un peu décalé parfois : exemple,  départ urgent  ou attaque imminente.

Commençons notre voyage à Rennes, site de  la forêt de Paimpont. Nous parlons des travaux d'Alban Lemasson (éthologie , biologie) sur le langage des cercopithèques. En l’occurrence  des  femelles Mones de Campbell.  Les scientifiques constatent qu'il se crée de véritables conversations qui font ressortir des RÈGLES POUR LE BIEN-VIVRE EN GROUPE! Par exemple, ne pas couper la parole à un autre individu, écouter en premier les femelles les plus âgées et leur montrer du respect, laisser certains silences s'établir (pour réfléchir? pour laisser une chance d'intervenir à quelqu'un d'autre?). Les liens sociaux, liens d'amitié de tendresse se ressentent dans des attitudes complices. La conversation unit un groupe.
Remarquons au passage, que les Mones de Campbell nous donnent des leçons de vie en communauté!
Lorsque deux femelles passent beaucoup de temps ensemble (toilettage, conversation), leur  intonation, leur vocabulaire, leur"accent" finit par se ressembler ( PARTAGE VOCAL). Pour les chercheurs, qui étudient les singes pour mieux comprendre l'origine du langage humain, ceci est le prototype  DES DIALECTES ET LANGUES LOCALES. ET DES ACCENTS...
En captivité, les singes n'emploient plus  les signaux d'alarme correspondant aux dangers habituels de la forêt tropicale (sauf si on utilise des leurres dans un but de démonstration). Ce serait ridicule! Par contre, les Mones en captivité ont inventé un"mot" pour dire HUMAIN!

Autre découverte importante :  la compréhension d'une séquence de cris ou d'un cri par élimination des autres cris possibles. Exemple : si un singe dit :" krak" et non"krak-oo ou hok". Cela signifie que krak -oo  ou hok n'ont pas été choisis : c'est un ÉNONCÉ IMPLICITE.  C'est la première fois qu'un élément de LINGUISTIQUE humaine est répertorié chez des primates non-humains! Chez les Mones, les émotions se traduisent souvent par la précipitation des énoncés. Le vocable "boum",  répété, crié très fort et très vite, signifie: "c'est urgent". Dans la forêt ivoirienne, ces cris d'alarme sont particulièrement nécessaires: Si le mâle dominant du harem commence sa "phrase par "Boum boum  boum, boum boum (dit très vite) , cela indique un état émotionnel qui est pris en compte. par les femelles (elles  évaluent l'urgence et la réponse à donner). Une coopération entre mâles et femelles  se manifeste à l'intérieur du groupe. Les femelles sont partie prenante de la fonction sécuritaire. Elles peuvent aussi crier comme les mâles si cela s'avère nécessaire.


Les Mones s'associent à d'autres singes pour détecter des dangers potentiels : Elles comprennent les avertissements  de danger des cercopithèques Diane. Elles identifient aussi les cris de détresse des petites antilopes attaquées par les léopards et en tiennent compte. De même que les cris des pintades dans les mêmes circonstances.
A l'inverse un gros oiseau  le Bucerotidae , parfois la proie des aigles couronnés, comprend les signaux vocaux des Mones se référant aux aigles.
Dans la forêt Ivoirienne, on apprend aussi les langues étrangères! Nouveau sujet d'étude pour les chercheurs qui ouvre des perspectives fantastiques ... Communication pour la survie est le maître mot.

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