L’intelligence
des corbeaux et autres corvidés
Les oiseaux,
en général, n’ont pas très bonne réputation en matière d’intelligence. Ils ont
des têtes de linotte. Ils sont aussi étourdis que des étourneaux, aussi bavards
que des perruches sans cervelle. Pourtant, nous mettons spontanément à part les
pies et les corbeaux parce que nous pouvons observer des comportements plutôt
astucieux à la campagne ou dans les jardins.
Les pies, corbeaux, corneilles et geais sont
des corvidés. Des tests préparés par des chercheurs établissent la preuve que ces oiseaux sont
particulièrement intelligents.
Une
corneille peut-elle voir au-delà des
apparences qu’un homme est un chasseur alors qu’on a voulu la tromper? Elle va appliquer son sens aigu de
l’observation et les déductions de ses expériences précédentes à ce nouveau
cas. C’est une preuve d’intelligence et c’est le début de la sagesse…
C’est un
test réalisé en milieu naturel. Placée sur un promontoire, l’oiseau peut
observer un chemin situé en dessous de cet observatoire. Normalement la
corneille en question montre une très grande frayeur quand elle aperçoit un
chasseur (elle a eu au moins une mauvaise expérience). On envoie sur le chemin
un homme qui cache son fusil, qui n’a ni gibecière, ni l’accoutrement habituel
des chasseurs. Calme au départ, la corneille ne tarde pas à s’agiter, puis à montrer tous
les signes de l’affolement. Manifestement, la corneille déduit de ses
observations précédentes que les apparences sont trompeuses.
Un test sur
une pie maintenant. La pie, très calme, est devant un miroir. On lui pose une
gommette rouge sur la poitrine. Elle cherche tout de suite à l’enlever avec son
bec, en essayant de l’attraper sur elle-même. Elle s’agite, elle s’énerve. Les
expérimentateurs réalisent que la gommette est trop près du cou de la pie, elle
n’a aucune chance de l’attraper. Ils placent l'objet plus bas, la pie
l’enlève immédiatement d’un coup de bec. Elle se calme tout de suite. Elle n’a
jamais cherché à s’approcher de la glace. Elle sait que ce qu’elle y voit,
c’est elle-même.
C’est
l’occasion pour nous de remarquer que les oiseaux ont une excellente vue,
peut-être en trois dimensions. Ils aiment les couleurs, en particulier le rouge
et tous les mélanges de rouge, violet, orange etc.
Passons à
deux tests compliqués réussis par des corbeaux, également par des singes mais
cela nous étonne moins (puisqu’ils sont si proches de nous) et, surprise, avec
des adaptations à leur morphologie par nos amies les pieuvres !
Un corbeau
dans une cage ; on a accroché à l’extérieur de la cage un petit seau dans
lequel on a mis une friandise. A côté du corbeau on a posé des fils de fer de
différentes longueurs et grosseurs. Très vite l’oiseau choisit le fil de la
bonne longueur et en courbe l’extrémité. Il attrape le seau par
l’anse et le fait rentrer dans la
cage. Il a fallu que l’oiseau visualise
le but de l’opération et en déduise les différentes étapes à parcourir en
modifiant les outils proposés…
Une autre
expérience ; cette fois la nourriture est une friandise qui peut flotter,
elle se trouve dans un récipient à l’extérieur de la cage. Il y a de l’eau dans
le seau mais le niveau est trop bas pour que le corbeau puisse attraper la
nourriture. On a mis des cailloux dans
la cage. Le volatile réalise tout de suite le parti qu’il peut en tirer. Il met,
un à un, le nombre de cailloux
voulu dans le seau pour que l’eau
et la nourriture flottante arrive à la bonne hauteur.
J’espère
vous avoir convaincu de l’intelligence des corvidés, ce qui était mon but pour
aujourd’hui. Je vous parlerai une autrefois de l’apprentissage chez les oiseaux et chez d’autres animaux.